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Henri Guybet: Texte de l'interview

Message Publié : 20/02/02 21:49
par Diane
Comme le lien direct ne fonctionne pas, voici le texte de l'interview. J'ai écrit au Républicain Lorrain pour leur faire part du problème, mais même leur e-mail est est dérangement, alors...

Théâtre à Saint-Pierremont Le talent de Henri Guybet
Le talent de Henri Guybet a conquis cinq cents personnes, samedi soir à Mancieulles. Un immense succès pour André Fortunat et la commission culturelle de la Communauté de communes du Pays de Briey.

Pour la première représentation théâtrale de la salle entièrement rénovée, la Communauté de communes avait choisi un spectacle de qualité intitulé "Drôle de Manoir". Autant devant la caméra que sur les planches, Henri Guybet est un personnage hors du commun. Il suffit pour cela de le voir arriver avec sa casquette et son parka en lançant un "salut" très convivial. Au-delà de la performance d'acteur, l'homme administre une grande leçon de sagesse et de modestie. Rencontre et conversation très libre, à deux heures du spectacle, dans un hôtel briotin.

Le Républicain Lorrain.- "Comment êtes-vous devenu comédien?"

Henri Guybet.- Dès l'enfance, vivant à Paris, où ma mère me conduisait souvent au cinéma, j'étais fasciné par ce rayon lumineux depuis lequel des gens, qui me semblaient immortels, plongeaient sur l'écran. Vers 14 ans, j'ai pris conscience que j'aimais amuser mes petits camarades, appréciant d'être regardé. A 16 ans, je me voyais en haut de l'affiche. A cet âge, on rêve de gloire. Mais quand on apprend le métier de comédien, on s'aperçoit que ce n'est pas le plus important. La passion intérieure se découvre au fur et à mesure que l'âge avance. Dans ce métier les objectifs changent continuellement.

R.L.- "Hier le cinéma essentiellement, aujourd'hui le théâtre. Comment l'expliquez-vous et vous situez-vous l'un par rapport à l'autre?"

H.G.- "Maintenant, c'est le cinéma qui se situe mal par rapport à moi. Une génération en remplace une autre. Ceux qui me faisaient tourner ont vieilli, et ne tournent plus, comme Georges Lautner. J'ai eu la chance aussi de fréquenter sur les plateaux des acteurs admirables tels Bernard Blier, François Périer, Bourvil, Robert Lamoureux, Louis de Funès aussi qui était adorable. Cependant si j'ai fait du cinéma, mon gagne pain régulier a toujours été le théâtre. Mais j'adore tourner au cinéma: ce qui me plaît c'est le travail, par contre je n'ai pas du tout la passion de me voir. Visionner un de mes films c'est faire resurgir des souvenirs du tournage, comme des souvenirs de vacances. Le côté négatif c'est s'apercevoir qu'on ne ressemble pas à Brad Pitt. On commence à comprendre certains échecs. En me regardant voici quelques années, je voyais mon père... Maintenant, c'est plutôt mon grand-père!"

R.L. "Racontez-nous une anecdote plaisante sur un de vos rôles".

H.G.- "Le personnage de Salomon dans "Rabbi Jacob" a marqué les gens. J'ai rencontré un jour un vieux juif sur les grands boulevards. Il m'a reconnu en disant: "Salomon, quel acteur tu es! Mais tu es juif au moins?". Je n'ai pas osé dire non... A Rio de Janeiro, lors d'un tournage, une dame, en ville, s'approche de moi "Are you Salomon?". Grâce à elle, je suis rentré dans toute la société juive de Rio.

R "Quels sont vos projets?"

H.G. "Dans la vie, on ne va pas en s'améliorant. Comme les boxeurs, il ne faut pas faire le film ou la pièce de trop, à l'image de ces acteurs qui s'accrochent, et savoir s'arrêter. La comédie est une thérapie qui rend modeste. Comment aspirer à redevenir les personnages que notre âge ne nous permet plus d'être! Soyons aussi sans illusion sur notre célébrité future. Le temps est redoutable. Dans cent ans qui pensera encore à nous? Voyez dans les rétrospectives du cinéma, tous ces noms oubliés... Je pense écrire de plus en plus. Si on me le demandait, dans une autre vie, je choisirai d'être écrivain".